Plutôt que de représenter la nature, Timothée Mahuzier collabore avec elle. La série Verdure naît d’un dialogue tactile et situé avec le végétal, où la feuille, l’ombre, le vent, ne sont pas motifs mais agents. Chaque toile est trace d’une cohabitation silencieuse, surface d’accueil plutôt que projection.

Réalisées en plein air, ses œuvres se construisent sans esquisse, par couches, glissements, interruptions. La peinture en spray, détournée de ses usages industriels, y devient outil d’enregistrement atmosphérique. Le geste s’efface au profit du contact. Une branche déplace le pochoir. Une goutte altère la forme. Rien n’est corrigé. L’image n’est pas fixée — elle advient.

Dans la lignée de certaines pratiques postmodernes ou écologiques, Mahuzier transforme la peinture en un champ partagé : non pas une fenêtre sur le monde, mais une membrane où matière, lumière et temps circulent. L’espace pictural devient flottant, sans point de fuite, sans hiérarchie — un lieu où la perception se déploie lentement, sans récit, ni message.

Cette attention se prolonge dans les matériaux : lin, pigments non toxiques, supports recyclés. Loin de toute posture, c’est une éthique incarnée, discrète mais ferme. L’œuvre n’illustre pas l’écologie — elle l’habite.

Ce que Mahuzier offre, ce n’est pas une image à comprendre, mais un lieu à traverser. Rien n’est affirmé. Tout reste ouvert. Ces peintures ne cherchent pas à dire, mais à laisser advenir — une ombre, un souvenir, une sensation. Dans cet espace suspendu, les peintures ne parlent pas — elles écoutent.